Aux âmes bien nées, la valeur n’attend point le nombre d’années. A Mbanza Ngungu où il est né en 1953, il a grandi au Quartier Kiakia à quelques encablures du Stade de football de  l’offitra et du Ciné Esperancia. Son oncle, Libuana fut un grand footballeur dans une des meilleures équipes de football de sa génération. Libuana était le capitaine du FC Antwerp. En compagnie de son inséparable ami Nkunga,  il  influença la vie de ce neveu qui ne ratait jamais les séances d’entrainements et les rencontres livrées par l’équipe de son oncle. Ainsi, dès sa petite enfance, Mandiki vivait déjà dans le milieu des vedettes sportives et commençait à se comporter en vedette lui aussi. Lorsque Libuana émigra successivement à Kinshasa, puis à Makelekele dans Brazzaville La Verte, il se mettra sous la protection de son oncle Néron qui était un des amis de Wansiesie, Vieux ya Quartier. Néron qui savait se faire respecter fut l'une des rares personnes qui savait comment ramener ce garçon très turbulent sur le droit chemin.

La proximité de la résidence familiale avec l'une des salles de projections des films l’entraina involontairement dans ce monde de l’irréel où tous les gangsters qu’on nous présentait à longueur des journées conditionnèrent certains comportements. Vivant dans une famille décomposée, dont le papa résidait à Ndjili à Kinshasa, la maman, dépassé par les charges et les évènements n’arrivait toujours pas à imposer une discipline, ni à  maîtriser cet enfant dont l’avenir était toute tracée.

A 10 ans comme tous les enfants de son âge, il commença à taper sur un ballon de football. Des équipes d’âge utilisant des ballons de fortunes se sont créées à tout bout de champ à travers la cité. Simon Ntualani alias Du Sang, Kondua Major, Nzoayaya Saxo, Lumfuankenda Alphaco, Bébé Mavos, Kapita Bicorro, Landos, Nekadio Emmany Bill, Diakanua Haïdé Bill, Mpembele le grand frère du Grand prêtre Kabo wa Kabo, Bernard Nanisalawo, Jean Kimfuta Raky, Kalaka Basile Le Physicien, Azemo D’Artagnan, Nlandu Rijos,  Debandi, Pakota, Mon Fils, Bernard Nkembo a Nza alias Tarzan, Nguelos,  Nkuanza dit D’hara,…  furent ses premiers coéquipiers et compagnons de la vie. Or, dans chaque agglomération, les groupuscules se forment toujours autour de deux ou trois leaders. Dans leur bande, ils étaient à trois pour se disputer ce rôle au début de leur aventure. Kondua Major, Du sang et Mandiki... Major était un gars posé et très discipliné. Mais les deux derniers avaient une particularité : ils ne supportaient pas la contradiction. En outre, pour entrer dans leur groupe, il fallait appartenir à la classe et à une famille des nantis et être de temps à autre en mesure de pourvoir à leurs petits besoins matériels et financiers. En dehors de cette liste non exhaustive de ses premiers compagnons de route, nous pouvons ajouter quelques jeunes filles du cru qui supportaient à bras le corps les couleurs des Jeunes GwaGwa, leur équipe du quartier. Citons entr’autres : Mère Guiza, Mère Rebecca, Mvuti alias La Reine, Agnès Pepo la propre grande sœur de Mandiki, Ndanda, Bitemo, Léa, Isala, Jacky la Matadienne, Berthe, Marie Kumbona, les Sœurs Bikumunu (Nelly et Marie), Marie Thérèse Ngongo, Nelly Sambi et autres Eugénie et Sophie Tekasala. Ces grandes dames figurent parmi leurs contemporaines. La bande de Jojo et Du Sang va s'élargir avec l’arrivée d'un Maître à sa tête. Kocsis, car c'est de lui qu'il s'agit imposera son gabarit et son autoritarisme sur ce groupe. Il va élargir et étendre son influence en incorporant des nouvaeux joueurs venus des autres quartiers de la cité. Emma dit Gento, Mavuva Sekele et son petit frère Séba Luvitu, Emile Bouluba, Damar Kakivueko, Félix Mahenga Mbuta Fé et toute son armada de l’avenue Offitra dans laquelle se trouvait l’incontournable Sérénade Nkongo (Le Sheriff), Demalo Malonga, Nestor Nseke, Pierre …., Alexis Mandiangu, Emba, Sasabi Pierre, Armand Lufundisu, Camille Makengo et Pierre Kiketa, Médecin, Murumba, Buata, RKT, Sting (Bois Vide), Diambu Hercule, Vetuluakila Vetos, … vont compléter cette liste en compagnie de quelques jeunes kinois, la plupart, élèves à l'Athénée de Thysville. Ces nouveaux compagnons  vont faire acquérir à cette équipe de football en herbe ces véritables lettres de noblesse, jusqu'à classer cette formation parmi les patrimoines culturels de cette cité. Mbuta Mashakado alias Dieudonné Nzolantima, Damien Luntala, Massampu Fanfan, Zodi Zorrino, Wanani Médium, Kimfunia Modi, Batuabania Fely, Aragonda, pour ne citer qu'eux, étaient tous des véitables craks  et des virtuoses du ballon rond.

Toutes ces filles et ces garçons, énumérés ci-haut, constituèrent en réalité le noyau de base autour duquel est née la fameuse équipe des Jeunes GwaGwa de Mbanza Ngungu, une formation qu’on ne présente plus aux amoureux du ballon rond et dans laquelle Jojo est cité parmi les trois fondateurs historiques. Du Sang et Major étant ses deux autres compagnons d’infortune.

Le Football Club Jeunes GwaGwa a vu le jour presqu'au même moment que le Sporting Club ISKO de Lingwala de M. Isaac Koko, Juventus de Prof Watunda, Mungul de Ngiri Ngiri et autres Mado Lisano de l'entraîneur Ndombe. A Thysville les footballeurs de Jeunes GwaGwa étaient vénérés par le nombreux supporters qui les portaient à bras le corps. Ces amoureux du ballon rond  étaient issus de toutes les couches de la population. L'histoire pourra retenir que ce club  peut à juste titre, être considéré comme  la toute première réalisation portant la signature de Mandiki.  Ce club  qui est entré sur la scène vers la fin de l’année 1965  est jusqu’à ce jour à ce jour la plus ancienne équipe de football encore en activité et à ce titre, elle a battu la durée de longévité dans le District des Cataractes.

Le FC GwaGwa ressemblait à s’y méprendre à une véritable école de football qui gérait un noyau de plus soixante joueurs qui a permis la création de deux autres équipes sœurs, le FC Dravering et le FC Union Matata. Plusieurs autres formations des jeunes footballeurs en herbes virent également le jour dans le sillage des Jeunes GwaGwa et dans lesquelles la présence de  Jojo fut des plus actives. Plume d’Or et Verlys furent parmi les formations les  mieux connues.

Une équipe de football ne peut pas évoluer seule. Dans sa période de gloire et pour asseoir son succès, les FC Jeunes GwaGwa avait des adversaires de taille dont le plus coriace et le plus en vue avait pour nom : MIKADO. Les Maquisards, aujourd’hui BILANGA MATEBO furent une véritable foudre de guerre et demeure jusqu’à ce jour, l’ennemi juré des GwaGwamen. Mikado, c’est l’équipe de Papa Itele, de Nzunga Bunny, de Boly Zayobi et de Nlandu Dereck NDU, qui ont dans un autre registre inscrits leurs noms dans les tablettes de l’histoire de cette cité. Dans une cité où la plupart des activités sont bipolaires, les ngunguois de souche sont divisés dans deux camps diamétralement opposés. Le premier est celui des GwaGwamen, le second est celui des Matebos. Jojo Mandiki est un GwaGwamen pur sang.

La grande renommée des Jeunes GwaGwa se justifie par la grande qualité des joueurs qui avaient  évolué dans ce club dont quelques-uns ont terminé leurs carrières sportives au plus haut niveau à Kinshasa… Diakanua Haïdé, Mavuva Sekele, Kayembe Jean Marie, trois des plus grands joueurs qui ont fourbi leurs armes en compagnie de Jojo ont évolué dans le FC Dragons de Kinshasa ;  L’AS V-Club a bénéficié des services de : Nkebolo, Louis De Funès et Luntala Petit Mana ; Daring Club Motema Pembe fut gâté avec Paul Bukaka et Jules Pierre Mandiangu alias Tostao ; Lunfuankenda Bouluba évoula successivement au sein de Babeti ya Kin de Kimuanga Dadou avant d'intéger l'AC Vijana où il rejoignit son collègue Ngoma alias Mulele. L'AC MANAYA de Bandal s’était tapé Mukendi Ndaye et Kalala Kabundi alors que l'Athlétique Club Matonge enrôlait Massampu alias Fanfan. Enfin, le SC Inter jeta son dévolu sur Tele Lunkoka et l'US Kintambo sur le Petit Simoni, sans oublier dans cette longue liste Emma Gento qui a joué dans l'Union Sportive Tshipepele de Kananga.

Personne ne pourra donc nous contredire si nous confirmons que le FC Jeunes GwaGwa reste la plus prestigieuse équipe du Bas Congo et le plus grand pourvoyeur des équipes kinoises en joueur de football. D’ailleurs, l’un des plus chanceux de tous, en l’occurrence Jules Pierre Mandiangu a eu le privilège de côtoyer le football professionnel dans le Royaume de Belgique.

Quelques aînés de ce quartier peuvent être cités et figurent timidement parmi les encadreurs attitrés des jeunes de ce quartier et mérite d’être reconnus publiquement pour avoir joué dans un sens comme dans un autre, un rôle majeur dans la vie de Mandiki. Citons dans le lot : Alexandre Mabundu « Mbuta Leki Mavos », Tekasala Caïen, Nzoayaya Samy et Mbakanu Wansiesie. Mais cette équipe en herbe a connu sa véritable envolée avec l’arrivée de Kocsis, une autre tête brûlée de cette ville qui a façonné à son image cette équipe de football. Ce gars qui a toujours été un véritable encadreur de la jeunesse ngunguoise est le véritable parrain et l’homme qui a créé cette génération. Kocsis, de son vrai nom KOKE MIEZI Jean,  c’est votre serviteur. C’est lui qui est en train de vous narrer cette aventure. Kocsis n’était pas n’importe qui à Thysville. C’était un guerrier qui se faisait passer pour le protecteur des faibles. Kocsis qui avait des très bonnes connaissances sur le football fut un touche à tout. Il a été le Président, le Secrétaire et l'entraîneur de cette équipe qui lui doit sa grande notoriété. Et pourtant, il n’était pas seul. Il y avait d’autres protagonistes qui ont contribué à l’éclosion des talents des joueurs de cette équipe. Parmi les dirigeants les plus en vue qui l'avaient accompagnés, nous citerons volontiers : Mbanzani Domingos Mfumu Domi alias Landa mono si wa toma, Kabuiku Mayemba dit Papa Lex, Masamuna Victor Matambasula, Mbanzani Michel Santa Bara, Sadco alias Sidi Sadi, Papa Noël, Vieux Salomon, Vieux Django Nsumbu, Vieux Basele, Yalala Mbende Félix, Monene Henri Le Grand Seigneur, Cavalhiero Cavos, Vital Nkiawete, Vieux Nlandu Ma Vie, Nsau Nsiona, Mazaza, Kinduelo Tison, Vieux Mandevo, etc…  

1966 – Le FC Jeunes GwaGwa, tel un météore effectua sa grande percée sur la scène sportive et parvint à éclipser la grande renommée du FC Amicale et des Diables Rouges, les deux équipes phares de Thysville. Jojo Mandiki qu’on se plaisait d’appeler sous son prénom de Paul, se fait surnommer le Sorcier. C’est l’avant centre fétiche des GwaGwamen. Court de taille, trappu sur ses deux jambes, c’est l’avant centre et le meilleur buteur de son équipe qui vole de victoire en victoire. Jojo n’a que 13 ans. Il goûte déjà au succès. C’est une vedette dans le vrai sens du terme. Toute la cité de  Mbanza Ngungu connaît maintenant ce garçon qui étudie à l’Institut Marie Muilu Kiawanga. Mata Akim et Celos, ses deux jeunes frères sont toujours dans son sillage. Jacques Freddy Malauka, Félix Mangikulua, Nsalambi Apaches et l’incontournable Sodios sont toujours avec lui. Voilà le pré-carré de Paul Bin Luyeye Mandiki à Thysville qu'il va quitter en 1976 à la veille de son voyage en Europe. Il fut le premier ngunguois à partir vers l'inconnu et qui découvrit Paris, la plus belle ville du monde.

A suivre...